Ce matin, je ne me suis pas réveillé… (1/4)

… DE QUOI IL DÉCOULE QUE J’ÉCRIS CECI EN RÊVE.

ET DE LE COMPRENDRE M’EST UN IMMENSE SOULAGEMENT…

 

*

 

… parce que, voyez-vous, je vis un cauchemar.

Là, là, tout de suite. En cet instant même.

Même taper les mots que j’écris ici en fait partie.

 

Après tout, quand on vit un cauchemar… autant que ce soit en rêve plutôt que dans la réalité, vous ne pensez pas ?

 

Voilà, c’est pour ça que, quand bien même j’ai le cœur serré, je me sens aussi soulagé : parce que ce matin, je ne me suis pas réveillé.

Fiou ! – et que le monde réel est donc sauf.

Pour le moment.

 

Tout-ce-ci-est-un-vi-lain-cau-che-mar-et-ne-peut-ri-en-ê-tre-d’au-tre.

Point !

*

 

Et puis d’ailleurs, soyons franc, il n’est pas si totalement effroyable, mon cauchemar.

Pas jusqu’à présent, en tout cas.

 

Même s’il a de sacrebleu de bonnes chances de le devenir en criant ciseaux !

 

Ce n’est pas celui d’un monstre lancé à mes trousses. Pas encore.

Ni, pour le moment, celui d’un incendie qui me surprendrait dans un racoin de chez moi où je serais coupé de toutes les issues possibles.

Non.

C’est un cauchemar… qui commence à peine.

*

 

C’est, si vous voulez… se réveiller dans son lit, seul chez soi, et être certain qu’on vient d’entendre des pas dans la pièce d’à côté – dans cette pièce où, à cette heure, il ne peut se trouver PERSONNE.

 

Ou plutôt non, attendez.

Bien plus précisément, c’est… ouvrir les yeux dans la nuit, tiré du sommeil dans le sommeil par le long et grave grincement de quelque chose comme la porte d’entrée de l’appart ou de la maison. Vous savez – cette porte dont vous vous dites quatre fois par semaine depuis trois ans qu’il serait vraiment grand temps d’en huiler les gonds ? Celle-là.

Elle est en train de s’ouvrir.

 

Quand je dis que je vis un cauchemar, ce que je veux dire c’est donc que j’en vis le préambule, l’annonce, l’amorce.

La mise en place.

 

C’est le moment où vous n’avez pas encore les sangs complètement glacés.

Mais, où, en tout cas, vous faites déjà très très attention à ne pas respirer trop fort.

*

 

Je viens donc d’entendre un grincement.

Et je sais que ce grincement est l’annonce d’un événement qui va me pétrifier.

D’ailleurs, chaque muscle, chaque nerf de mon corps se prépare au choc.

 

Pourquoi est-ce que je sais que cet événement va me pétrifier ?

Parce que, ce grincement, ça fait des dizaines années que je redoute de finir par l’entendre.

*

 

Toutes ces années, je le redoutais presque chaque nuit, le grincement – tantôt avec une très grande force, tantôt avec rien de plus qu’un léger pincement –, mais dans tous les cas je SAVAIS, chaque nuit, qu’il allait bien nécessairement finir par se produire… quand bien même, chaque fois aussi, quelques heures plus tard, cette probabilité semblait s’être dissoute dans la fraîche lumière du matin et n’était plus que le vague souvenir d’un fantasme – comme font au grand jour (presque) à tout coup les mauvais moments vécus dans les entrailles de la nuit.

Des dizaines d’années durant, j’ai su chaque nuit ou peu s’en faut que le grincement et son inévitable suite étaient là, tapis… à attendre le moment propice.

Je le savais.

Et chaque matin, des dizaines d’années durant, je me suis moqué de moi-même au réveil, à la souvenance de cette fantasmagorie de la nuit écoulée.

 

Jusqu’à ce que…

Cette nuit…

Advienne…

Ce que je savais si bien qu’il allait nécessairement finir par advenir, blabla raisonnable ou pas…

Et que…

La porte grince.

*

 

Ce qui cause mon effroi, et qui fait que ce que je vis là n’est pas un simple rêve mais un cauchemar, c’est donc que je sais déjà très précisément ce qui se tient là, hors de vue, de l’autre côté de la porte, en train de la pousser doucement.

Immédiatement, aussitôt que je l’entends, je me dis bien entendu que non, non, non, que c’est par trop invraisemblable.

Mais comme, toutes ces longues années déjà, je me suis répété chaque matin que mes craintes nocturnes elles-mêmes avaient relevé du délire et que la porte ne grincerait jamais… à présent que je l’entends, le grincement, mes tentatives pour me raisonner ne peuvent avoir qu’un bien pauvre effet.

*

 

Mais quel est-il, ce grincement ?

*

 

Il est, tout simplement, que je viens à peine de lire – parce qu’en rêve, on fait des choses comme celle-là, des choses qu’à l’état d’éveil on ne songerait jamais à entreprendre –, que je viens de lire, donc… la ponte dominicale d’hier du chanoine Bock-Côté.

Vous savez ? Bock-Côté ? Le docte curaillon, si fier d’être allé à l’Université, lui, et d’en avoir ramené un beau parchemin signé et tamponné qui lui accorde, croit-il, le privilège de pontifier quand il veut et comme il veut – et puis d’excommunier à qui-mieux-mieux, à s’en déboîter les deux épaules – alors que pourtant, à en juger par la comparaison de ses écrits d’« avant » avec ceux d’« après », son séjour prolongé sur les bancs de l’École des Grands ne lui a strictement rien appris ni rien permis de comprendre ?

Oui, oui, lui.

Hélas.

 

Dans son œuf de dimanche, le chanoine, il parle, de sa prose gluante de curé résolument 1920 – thèmes et style ! – d’un bouquin soi-disant nouvellement paru et que je ne lirai certainement pas. Parce que je l’ai déjà lu cent fois au moins. Et qu’il m’avait profondément dégoûté dès la toute première.

Un bouquin qui prétend, si j’en crois le chanoine, que tout – ‘scusez, je reprends.

Un bouquin qui affirme, dit le chanoine, que TOUUUT va mal au Québec, parce que… nous n’avons pas… de mystique nationale.

Car Saint-Germain (l’auteur du livre dont il est question) en est persuadé : girait au fond de la culture québécoise une aspiration presque mystique à la renaissance nationale.

Puis :

Disons la chose en d’autres mots, peut-être un peu moins lyriques : il ne peut pas y avoir de politique indépendantiste sans mystique indépendantiste. Il ne peut pas y avoir de nation sans mystique nationale (…) Il y a quelque chose de sacré dans la poursuite de l’indépendance d’un peuple.

De… mystique nationale ! (01)

*

 

Ce sont ces deux mots-là, « mystique » et « nationale », placés côte à côte, qui me convainquent que je suis toujours dans les bras de Murphy.

Ou que, si je n’y suis pas, je le regrette fort amèrement.

Ce sont ces deux mots-là qui grincent dans la nuit, et qui me font espérer de toutes mes forces que j’ai décidément dû très mal digérer queuk chose que j’ai bouffé hier soir.

Ce sont ces deux mots-là qui annoncent la suite que, depuis vingt ans, je savais inéluctable mais dont, tout ce temps, j’ai tout fait pour me convaincre qu’elle n’était qu’une chimère qui m’était propre.

 

Que je vous raconte.

*

 

Partons d’un peu loin, histoire de planter son décor, à mon cauchemar.

Il y a huit ans de ça, je me suis rendu compte que, dans la véritable caverne d’Ali Baba qu’est mon appart, je risquais à tout moment de finir écrasé sous des rangées de bibliothèques effondrées. Et j’ai immédiatement entrepris de toute urgence ce que j’ai surnommé mes Grands Travaux : numériser tout ce qui, chez moi, était numérisable – sauf les livres. Cassettes audio, disques vinyles, CD et leurs pochettes et livrets, cassettes d’anciens répondeurs, VHS, catalogues d’expos et programmes de théâtre ou de concerts, articles de magazines (six piles d’un pied de haut chacune), manuscrits, tout. J’ai ainsi récupéré l’espace d’au moins deux très grosses étagères – ça a fait un bien fou.

Et c’est comme ça que je me retrouve avec 110 000 images fixes dans mon ordinateur. (110 000… and counting…)

Mais je ne les ai pas terminés, mes Grands Travaux.

Il me reste encore quelques choses comme un bon 12’ (pas loin de 4 m, genre) de tablettes à dégager – sans compter, dans le locker et au fond des garde-robes, une grosse vingtaine de cartons remplis à ras-bord.

Une des tablettes qui restent à faire est entièrement occupée par une série de six ou sept énormes cartables de 500 pages chacun, bourrés jusqu’aux ouïes de documentation historique. Essentiellement : des photocopies d’articles de journaux des années 1870 à 1960, des thèses universitaires, et des extraits annotés de livres : histoire de la Presse au Québec, numéros de L’Action française de Montréal et de sa réincarnation L’Action nationale, biographies, études sur tel ou tel point d’histoire, études de périodes historiques, recueils de discours et allez donc. Ces six ou sept cartables sont les derniers survivants de la quinzaine que, dans les années 1990, j’ai remplis dans le cadre des recherches que je menais pour mon essai abandonné, Les Cahiers du Hobbit. (02)

Au fil du temps, je m’étais plus ou moins consciemment fait à l’idée que, ceux-là – les cartables qui restent, je veux dire –, je ne les scannerais jamais. D’abord parce que c’est un boulot dingue : il ne s’agit pas seulement de les numériser, il faut surtout, ensuite, indexer tout ça, faute de quoi… à quoi bon conserver toute cette paperasse s’il est pratiquement impossible d’y retrouver quoi que ce soit sans y passer des heures entières, autant la foutre directement à la récupération –, et ensuite parce qu’en indexer le contenu, ça oblige à relire ce qu’on vient de scanner ! Et que ça, c’est l’enfer ! Pas à cause de l’ampleur de la tâche – parce que j’en raffole, de cette tâche – mais à cause de son contenu, à cette documentation.

Bref, les cartables sont restés là, sur la tablette du bas de la biblio du petit corridor de la salle de bain. Et je m’étais, donc, fait à l’idée qu’ils y resteraient jusqu’à mon prochain déménagement, le jour duquel ils se retrouveraient sans aucun doute direct à la dump.

*

 

Sauf que.

Il y a une dizaine de jours de ça, je tombe sur un lien Facebook qui mène à un article d’archives, dans le journal Le Monde, à propos de la très belle biographie qu’Yves Lavertu a consacrée à Jean-Charles Harvey. (03) Je ne fais ni une ni deux, et, toujours sur Facebook, partage le lien en lui ajoutant en en-tête un commentaire qui dit :

« Heye, le monde de cinéma ! Si vous cherchez des sujets de films, faites-en donc un sur Harvey – il en vaut TRÈS LARGEMENT la peine ! »

À la fin du billet, j’ajoute :

« D’ailleurs, des sujets historiques qui feraient des super bons films, j’en ai plein. »

Et je le publie.

Presque tout de suite après avoir appuyé sur Enter, l’idée me pope à l’esprit : « Tant qu’à la mentionner, sors-en donc un bout, de ta liste de films historiques possibles. »

Et je me mets à l’ouvrage sur le champ.

Ça va vite – cette liste, elle s’est construite tout doucement dans ma tête au fil des décennies et je repense à elle très régulièrement – en m’attardant tour à tour à l’un ou l’autre des sujets : sur quoi mettre l’accent dans celui-ci, comment traiter un aspect ou un autre de celui-là, et ainsi de suite – elle est donc en permanence très fraîche à mon esprit.

*

 

Au départ, des sujets que j’ai envie de suggérer, j’envisage qu’il y en ait quatre – sur la quinzaine que j’ai dans mon baluchon – un total qui pourrait très facilement, si je m’y mettais sérieusement pendant un petit dix minutes, monter jusqu’à trente. Mais peu de temps après m’être mis au boulot, me rendant compte à quel point ces quatre premiers là que j’ai choisis se font écho entre eux, et comprenant que cet écho il serait assez simple de l’amplifier encore, je complète le tableau en passant à six sujets. Puis à huit. Tout ça à folle allure. Mais je me rends aussi compte bien vite qu’il ne suffit pas d’évoquer des anecdotes en trois lignes. Dans certains cas, il faut étoffer : expliquer, mettre en contexte, raconter le comment du quoi. Surtout dans le cas des sujets… euh… touchy – ou un poil explosifs, si vous préférez.

C’est comme ça que, de fil en aiguille, à un moment donné, ayant planché toute une journée sur un de mes exemples, j’en viens à me faire tout à coup : « Ah ! Je le sais ! Je ne vais pas faire un simple post Facebook, je vais faire un – puis deux – puis trois – billets sur mon blogue. Ça me permettra d’ajouter plein d’illustrations et de documentation : tant qu’à essayer de donner le goût au monde d’aborder des événements historiques, autant leur donner de quoi « se partir » les neurones.

Et je replonge.

*

 

Mais.

V’là-ti pas qu’au détour d’une ligne, je sais soudain e-xac-te-ment de quel document de mes archives je dois inclure une image en ce point précis de ce que je suis en train d’écrire, pour achever de clarifier tout à fait ce que je raconte : la lettre de protestation d’un homme remarquable, parue dans un quotidien de Montréal au cours des années 1930 à propos d’un événement antisémite particulièrement dégoûtant qui venait d’avoir lieu. Je sais que je l’ai dans mes archives, la lettre – j’en ai le souvenir hyper-clair à l’esprit. J’ouvre donc la galerie de photos de mon ordino, tape dans la zone de recherche le nom de l’épistolier, et… rien. Il n’y a aucune image en tout cas, sur mes disques durs, à propos de lui.

Merde ! Ça veut dire que…

L’article doit être dans l’un des cartables du couloir de la salle de bain ! Bordel ! Mais dans… lequel ?!

Dans un premier temps, rebuté par la perspective de me mettre à fouiller, je me fais « Ah, pis d’ la m… »

Mais rien à faire : chaque fois, après ça, que je relis le texte sur lequel je travaillais quand le souvenir de la lettre m’est revenu, en arrivant au point qui en a fait surgir l’idée, l’image de la page de journal revient me faire une jambette et je ne peux pas avancer davantage.

Ergo ? La lettre, il me la faut !

*

 

C’est comme ça que, jeudi soir dernier, tout grognon, je me lève de mon bureau et pars à reculons vers le couloir de la salle de bain, pour en revenir avec sur les bras le premier des gros cartables restants – le numéro IV. Je l’époussette – n’ayant pas été ouvert depuis au moins 17 ans, il en avait (très, très, très) grand besoin. Je l’ouvre. Et là, tout de suite, sur la page du sommaire de son contenu me saute aux yeux le nom du gars que je cherche ! Yé ! Pile du premier coup ! Je vais dans la pochette arrière, où il est indiqué dans le sommaire qu’elles se trouvent, tire d’elle les grandes photocopies pliées : c’est bien ça ! Quel coup de chance !

Seulement voilà…

Plutôt que de simplement tout de suite refermer le cartable, d’aller le remettre en place, de numériser la lettre puis de poursuivre l’écriture de mon billet, je reviens à son sommaire, au cartable : parce que, même parcouru à toute vitesse il y a un instant, tout un tas d’autres noms que celui du gars de la lettre a eu le temps de se graver sur mes rétines, et qu’ils se mettent déjà tous à se battre becs et ongles dans mon crâne pour avoir droit à mon attention.

J’y reviens donc, au sommaire. Ils veulent tous être relus, et relus et relus encore, ces noms, ces titres ! Ce qui fait que… je me mets doucement, tel Gandalf plongé dans les archives de Gondor…

… à feuilleter au hasard les 500 et quelques pages. Et que je fais, au moins dix-douze fois, tout bas, mais avec beaucoup d’intensité, la mâchoire barrée : « Sa-cra-ment ! » – comme le Mage Gris, encore une fois, lorsqu’il tombe tout à coup sur l’évocation des débuts de la malédiction d’Isildur.

J’avais totalement, mais ce qui s’appelle totalement, oublié à quel point le contenu de ces piles de photocopies peut être fascinant et captivant – oh, répugnant par nombre d’aspects, certes, mais aussi passionnant : rien qu’à lire une simple liste synthétique partielle, pfit, en dix secondes j’ai la cervelle en orbite, replongée net dans mes recherches et mes réflexions des années 90. À mesure qu’en feuilletant je tombe sur cette page-là ou sur ce document-ci, je m’éloigne à toute vitesse de la préoccupation qui m’a fait aller chercher le cartable.

C’est ce qui explique qu’au moment où j’écris ceci (le lundi suivant), je viens de passer une longue soirée puis trois journées entières (18 heures par jour) à numériser et indexer deux des cartables – le IV et le V. Et qu’à deux heures ce matin, venant de terminer le V, la tête bourrée comme un plein truck de melons d’eau, il a presque fallu que je me menace de me donner une fessée pour me décider à aller me coucher plutôt que d’ouvrir le VI et de l’entreprendre sur le champ.

Durant ces trois jours et demie, durant lesquels j’ai dû abattre presque autant de boulot qu’un employé de bureau ordinaire en deux semaines, non seulement je viens de renouer avec mon essai Le Hobbit, mais il vient en plus, il vient surtout, de commencer à s’opérer dans mon esprit une prise de conscience. Je l’avais sentie approcher : j’évoquais même son éventuelle venue dans le billet Mafalda de l’autre blogue…

Et vlan – parenthèse !

*

Parenthèse

 

J’en ai déjà parlé mais tant pis, je le répète – après tout, je ne peux absolument pas présumer que chacun des (deux) (éventuels) lecteurs de ce billet-ci aura lu tous les autres, ni même ne serait-ce que quelques-uns :

Quoi qu’il puisse en sembler de l’extérieur, je n’ai pas, dans ma vie, étudié les politiques culturelles d’un bord, puis, de l’autre, la politique tout court – je ne me suis en fait penché que sur une seule question, mais, étant donnée la complexité des enjeux qui la composaient, j’ai dû le faire en deux volets.

Cette question, c’est : Pourquoi cette société haït-elle autant l’art et la pensée ?

*

 

Je l’ai d’abord prise par le bout des politiques culturelles elles-mêmes, puis par celui de la politique québécoise at large, jusqu’à ce qu’à tour de rôle je les laisse tomber tous les deux, dégoûté par mes découvertes et par mes constats : les politiques culturelles vers 92-93, et l’essai historico-politique en 2000. Ça aussi, c’est raconté ici ou là dans les pages politiques du blogue.

En janvier de cette année, toutefois, j’ai compris en un éclair et à mon total ébahissement que non, pas du tout – l’étude et la critique des politiques culturelles, dans cette société de fous, je ne les ai absolument pas « laissées tomber » : en 92-93, lorsque je me suis éloigné d’elles, j’étais tout bonnement rendu au bout de ma tâche – pour le moment ! La guerre était perdue, et je comprenais comment et pourquoi la défaite était advenue – à présent je devais passer au deuxième volet de ma quête.

Eh bien, la nuit dernière, j’ai compris que mon essai historico-politique, Le Hobbit, ce projet d’essai qui l’a constitué, ce deuxième volet de ma quête, lui non plus, je ne l’ai pas « laissé tomber » : là aussi, quand je me suis détaché de lui en 2000, j’étais tout bonnement arrivé au bout de mon chemin – pour le moment. Alors j’ai arrêté les frais, et c’est tout.

C’est comme ça qu’en quelques mois à peine, je viens de prendre conscience de ce que les deux « pauses », respectivement de 25 et de 17 ans, que j’ai prises après mes travaux avaient toutes les deux précisément les deux mêmes raisons d’être :

D’abord, je devais, sur les deux sujets, décanter et digérer en profondeur, jusque dans les moindres détails, la masse insensée de ce que j’avais parcouru, appris, noté, compris, côtoyé, découvert – pour y revenir un jour (si je vivais assez longtemps), et tout reprendre du début, mais en accéléré, cette fois, à présent que je connaîtrais le terrain, qu’il aurait été défriché – et que je l’aurais réfléchi.

Ensuite, je devais attendre.

Sur l’un et l’autre sujet, attendre que les mensonges et les faux-fuyants qui ont régné en force dans cette société, des années 80 jusqu’à récemment, aient fini de fondre, aient achevé de se détricoter – ce qu’un mensonge ne peut manquer de finir par faire avec le temps et qui devait donc immanquablement se produire un jour ou l’autre.

Autrement dit : attendre jusqu’à ce que les fausses réponses et les semblants de raisonnements que dans les années 80 et 90 on m’a servis à cœur de jours, aussi bien à propos de la politique en général qu’au sujet de la culture et de son importance effective chez nous, ces fausses réponses et semblants de raisonnements qu’on m’envoyait au visage chaque estie de tabarnak de fois que j’avais le malheur de m’ouvrir la trappe, aient révélé qu’ils ne tenaient pas la route le moins du monde – et qu’on soit bien entendu passé à des batteries d’autres – tout aussi faux et risibles –, comme la société québécoise le fait sans trêve depuis plus de cent ans, sautillant d’un tissus de fantasmes au suivant comme une fillette d’antan jouait à la marelle.

Tournée vers l’avenir le matin, vers le passé le soir-même et retour à l’avenir juste à temps pour l’heure de Cendrillon. Société de colons le mardi et de colonisés le mercredi. À fond la caisse pour le libre-échange en mai et contre lui de toutes ses forces en juin. Prétendant pleurer sur l’analphabétisme à trois heures et demie, et pestant contre les câlices d’intellectuels à quatre heures moins vingt. N’aimant rien de plus au monde que son pays en mai, et rien de plus que la Floride en janvier.

Attendre, en somme, que le Vide se révèle : le vide que je savais déjà être camouflé sous ces sempiternelles volte-faces.

Un jour, il ne resterait plus de Franz Fanon à déterrer et de qui s’approprier et se servir à contre-sens. Un jour, le fait que le français n’est que le prétexte à une interminable danse de Saint-Guy, parce que, de lui, on se contrefout en réalité comme de sa première couche, sauterait aux yeux.

Ce jour-là… le D.O.S. re-loaderait, le programme reviendrait à ses valeurs par défaut. Et les curés – avec ou sans soutane – adorateurs du pouvoir à tout prix, reprendraient à visage découvert le centre de la scène.

*

 

Depuis janvier, depuis la création initiale du blogue La Guerre…, je savais déjà qu’au sujet de la culture, mon attente est terminée.

Le désastre causé par l’immonde politique culturelle adoptée solidairement par les grands partis du Québec au début des années 90 a porté les seuls fruits qu’il pouvait donner : le talent doit aujourd’hui ou bien gaspiller son temps et ses énergies à accepter des commandes pour payer son loyer, ou bien partir à l’étranger faute de pouvoir se développer ici, ou bien vivoter en marge de la place publique.

Et, bien entendu, il est à toutes fins utiles impossible de réagir à cette situation, parce que les explications qui en circulent sont de la pure foutaise – celle du CQT au printemps dernier, par exemple (04) – et parce que, de toute manière, les artistes FONT PARTIE de cette société et partagent donc peu ou prou le mépris qui de tout temps y a été réservé aux « joueux de piano ».

Dans vingt ou vingt-cinq ans au maximum, de la même manière que plus personne ne sait aujourd’hui qu’il y a déjà eu des concerts et du théâtre à la télé de Radio-Canada, plus personne ne se souviendra de ce que Montréal a déjà été une ville de théâtre vibrante.

*

 

Eh bien, depuis deux jours, je sais que mon attente au sujet de la politique générale l’est tout autant, terminée.

C’est fait, les masques sont en train de tomber.

Ils tombent même à une vitesse de fort loin supérieure à celle à laquelle j’aurais pu m’attendre, même dans mes hypothèses les plus extrêmes.

 

Les masques sont en train de tomber.

Et il y a des pentures qui grincent.

*

 

La haine de la culture et des arts que j’ai étudiée de 80 à 92, et les conséquences qu’à terme elle ne pouvait manquer d’avoir, tout ça crève aujourd’hui les yeux – pour qui se donne la peine de regarder autour de lui plutôt que de se conter des balounes, en tout cas, ou au lieu de continuer à chercher sur une carte de Suisse le meilleur chemin pour aller de Shanghai à Beijing.

De son côté, la momification politique de notre société, inséparable du néant intellectuel qui règne sur la place publique, se voit à présent à visage découvert – ne serait-ce qu’avec le retour sans honte des admirateurs du chanoine Groulx.

Bien mieux : mettant les deux constats sur l’évolution de la situation en regard l’un de l’autre, il m’a sauté aux yeux hier et cette nuit qu’au fil de ces décennies de latence que je viens de traverser, non seulement j’ai fini de digérer à fond les montagnes d’infos, et d’opérer des synthèses de chacun des thèmes, mais que, à ma grande surprise, et comme je m’y étais attendu dès les années 90 mais sans parvenir à croire vraiment que la chose ait quelque chance de se produire un jour dans les faits, une réponse entière à mon obsédante question s’est à présent formée sur la place, au su et à la vue de tous.

Je veux dire que le lien concret entre les politiques culturelles et la politique tout court – dont j’avais il y a longtemps déduit l’existence –, peut à présent être constaté à l’œil nu.

*

 

Je savais déjà que cette société est en route pour la mort – par choix.

Et que cette mort, le nationalisme ne permet en rien d’en retarder la venue puisque, fort loin d’en être la négation, il est même son véhicule.

Pour dire la chose en quelques mots : que cette société soit en train de mourir ne tient pas à de soi-disant menaces qui pèseraient sur le français – menaces extérieures (appartenance à la Confédération ou complot des maudits Anglais) ou intérieures (péril que représenteraient les immigrants – surtout les plus facilement identifiables d’entre eux) –, mais au fait d’avoir eu la cervelle réduite en bouillie à force de s’être fait mentir pendant tout un siècle par des élites entièrement livrées à leurs power trips dignes de leaders de républiques de bananes.

Cette mort, j’en comprenais déjà – en partie au moins – les modalités et les rituels à la fin des années 90. Et je n’ai pas un seul jour, depuis, cessé d’observer les signes de son approche – et l’effritement constant de tous les leviers, un à un, qui auraient encore permis de la retarder si peu que ce soit.

À présent, je vois aussi, et très clairement… que je ne m’étais, mille fois hélas, pas trompé (05) : le suicide culturel en train de s’accomplir dans la société où je vis est le fruit direct de son histoire passée ET présente – direct et peut-être inévitable, à moins qu’un formidable coup de barre ne soit donné, un coup de barre pour lequel il est très vraisemblablement trop tard depuis longtemps; mais dont, au cas où ce ne serait pas le cas, je sais précisément dans quel sens il devrait aller, même si je ne peux même pas commencer d’imaginer ni la forme qu’il pourrait prendre ni d’où pourrait provenir l’énergie et la détermination nécessaires à sa mise en branle.

*

 

Pour comprendre où nous en sommes, il fallait, une fois constaté à l’époque que la guerre culturelle a été perdue par les artistes et leurs alliés, me demander tout simplement QUI l’a gagnée.

Puis me demander encore : où le vainqueur en est-il aujourd’hui de ses projets d’avenir ?

Et c’est à cette question-là, je l’ai compris au cours des dernières heures, que j’ai désormais la réponse.

*

 

Capsule « Mononk fait dire que… »

 

Voici comment, il y a quelque jours à peine, tentant de faire le ménage dans mes pensées en les mettant à-plat et en les classant de mon mieux les unes par rapport aux autres, je résumais à mon propre usage la situation politique générale qui prévaut cheux nous.

Ce que je cherchais en le notant c’était, tout simplement (ah, ah !), à mettre enfin en mots la source du malaise (et de l’immense colère) que je ressens à l’égard du prodigieux canular qui porte le nom de Parti libéral du Québec. 

De manière générale, quand on dit « nationalisme », les gens pensent tout de suite « PQ »… et puis « Québec Solidaire », et même « CAQ » – sans compter les innombrables groupuscules, groupes de pression, de réflexion ou d’action qui tournicotent autour de La Cause comme autant de papillons de nuit dans la lumière de votre flash light –,  mais il y a à l’oeuvre dans ce réflexe une erreur par omission fort riche en conséquences : tout le jeu de toupie actuel s’articule sur la présence d’un joueur de grand poids mais qui n’est pas inclus dans cette liste, alors qu’il devrait pourtant s’y trouver, et à une place de choix –  le PLQ.

Le PLQ n’est pas antinationaliste. Nationaliste, il l’est autant que les autres que je viens d’évoquer, mais il l’est… autrement. Et son action dans le portrait est capitale.

On sait que dans la tradition chrétienne, Judas joue un rôle essentiel au cours de l’épisode de la Passion. Son rôle est même tellement capital qu’au fil des millénaires il s’est trouvé des penseurs, des poètes et des conteurs pour affirmer qu’il est peut-être bien le plus admirable d’entre tous les apôtres, puisque c’est grâce à lui que le Christ peut mener à bien sa tâche – en mourant. Certains se sont même demandé si, ce mandat, il ne l’aurait pas rempli en service commandé plutôt que par bête veulerie ou lâche traîtrise – ce qui, si la chose se vérifiait, ferait vraisemblablement de lui un authentique héros tragique.

Je ne veux pas laisser entendre que je soupçonnerais les Libéraux de collusion avec le PQ, certainement pas. Avec bien des gens, oui, mais pas avec le PQ. Tout ce que je souhaite faire ressortir, c’est que, pour que la fiction nationaliste fonctionne, il faut un méchant dans l’histoire. Et que, ce méchant, pour le moment et depuis longtemps, c’est le PLQ qui en tient le rôle.

Mais cela n’implique aucunement qu’il constituerait de ce simple fait une menace pour La Cause.

À ce chapitre, le seul constat qui s’impose c’est qu’au fil des presque 90 dernières années, sur la question du nationalisme en tout cas, l’acuité politique des libéraux indigènes est allée en s’amenuisant à une vitesse telle qu’elle a depuis un (long) bail fini par atteindre un niveau qui ne peut plus guère être qualifié que d’imbécile. Et qu’au fil des ans, cette réalité – l’un des protagonistes centraux de l’histoire étant un idiot – a joué sur la scène politique québécoise un rôle… déterminant.

Et maintenant, place à mes notes :

Comme si souvent depuis la fin du 19e siècle, les Libéraux du Québec, sous la houlette de Philippe Couillard, font à notre époque l’éclatante démonstration de ce qu’ils sont bouchés par tous les trous imaginables – et que la moindre trace d’intelligence s’est évaporée de leurs rangs il y a belle lurette – ce qui ne les empêche aucunement d’avoir l’air, par longs moments, d’être tellement corrompus qu’on jurerait un congrès de comptables de la Mafia.

Fidèles à leur tradition, ils agissent comme des pieds… et, d’un scandale à l’autre, subodoré ou avéré, sapent toute confiance que l’on pourrait espérer pouvoir placer en eux, poussant du coup la population droit dans les bras de Duplessis – mort ou vivant.

Louis-Alexandre Taschereau

À ce petit jeu-là, dans les années 1930, Taschereau (06) est déjà champion : INCAPABLE de comprendre la nature profonde du combat mené contre lui (par Camilien Houde, par exemple, mais aussi dans le dossier des écoles juives), mais, encore et surtout, sa corruption de bas-étage et ses manœuvres grossières font ACTIVEMENT le lit du cher Maurice.

Adélard Godbout

Malgré les immenses mérites que par ailleurs il faut lui reconnaître, quelques années plus tard Adélard Godbout (07) n’est guère plus brillant que Taschereau au plan stratégique. Au plus fort d’une féroce et capitale bataille, sa décision de shiper T.D. Bouchard à la tête d’Hydro-Québec nouvellement créée – alors que Bouchard a pourtant été l’un des seuls à avoir eu le courage de s’opposer à la Loi du Cadenas de Duplessis (08) et devrait donc, ne serait-ce que pour ça, être maintenu sur le terrain des luttes –puis, surtout, le laisser partir pour Ottawa, au Sénat, alors que c’est un véritable batailleur aux idées claires, un batailleur comme le Québec n’en a à peu près pas connu d’autres dans l’arène politique, de peur que les « indélicatesses » de l’ancien maire de St-Hyacinthe ne lui nuisent, le pôv’ chou, et enfin le laisser choir comme une vieille mitaine lorsqu’il tente de poursuivre le combat, dans lequel son talent, son intelligence et sa fougue sont pourtant requis de toute urgence… a de quoi vous donner des envies de pouvoir voyager dans le temps rien que pour pouvoir le gifler à la volée, l’Adélard.

Jean Lesage

Le cas de Lesage (09) est dans une catégorie un peu à part. Face à lui, l’agonie de l’Union nationale – agonie inséparable de changements radicaux en train d’advenir à l’extérieur du Québec et auxquels la dinosaurienne U.N. est parfaitement incapable de s’adapter – et, de son propre bord, le lancement de la Révolution Tranquille, même décapitée comme elle l’est, entraînent un grand rebrassage des cartes – mais, pour l’essentiel, au plan des idées, c’est un rebrassage des mêmes cartes – qui se contentent de changer de nom. Sa décision de NE PAS véritablement mettre en œuvre l’article 1 du programme libéral de 57 est au moins aussi grave et aussi lourde de conséquences à long terme que la niaiserie et la lâcheté de Godbout à l’égard de T.D. Bouchard – et suffit à démontrer chez Lesage un total manque de vision autre que tactique ou technicienne.

*

Dès 1965, les deux erreurs (10) capitales pour l’avenir ont donc déjà été commises, toutes les deux par des Libéraux incapables – ou refusant – de voir plus loin que le bout de leur nez :

T.-D. Bouchard…

À cause de la décision de Godbout, du fait des conséquences de l’absence sur le terrain de T.D. Bouchard (11)les adeptes de Tardivel-Groulx et leurs innombrables alliés auront le champ parfaitement libre, après la fin de la guerre – puis pour l’éternité –, pour repenser leur image de marque qui en aura grand besoin d’urgence après l’écrasement des amis européens sur lesquels ils ont tellement compté – et ils pourront ainsi tout à leur aise achever leur prise de contrôle du récit historique et, du même coup, des esprits.

Et, à cause de Lesage, avant longtemps la langue sera devenue un prétexte creux – aussi vide que l’était, pour une très grande partie du clergé ultramontain, la notion de foi. S’il faut encercler sur la carte de l’histoire UN point capital du trajet menant au fait français du Québec devenu aujourd’hui une litanie délirante, le français ne servant plus qu’à répéter qu’on parle français – jusqu’à ce que mort s’ensuive – il est là : de 1961 à 1963, année que marque la fracassante démission de Georges-Émile Lapalme.

Les jeux sont faits.

Et ce sont des Libéraux qui les ont faits.

*

À partir du milieu des années 60, la dégradation intellectuelle et morale des Libéraux s’accélère : de Robert Bourassa à Philippe Couillard, on jurerait que ce qui, après 1966, pouvait rester de cervelle au Parti libéral du Québec lui coule lentement par les oreilles jusqu’à ce qu’il n’en reste plus rien à l’intérieur du crâne.

… et une citation de lui.

En chemin, ils se sont pourtant encore débrouillés pour asséner à la culture et aux arts l’éclatant coup de Jarnac de Frulla, qui risque fort d’avoir irrémédiablement scellé la question culturelle : désormais, un artiste ou un penseur qui veut pouvoir se consacrer à sa tâche devra s’exiler, comme au 19e siècle.

*

Le nationalisme, hérité de curés hyper-réactionnaires, qui constitue la trame même de la vie sociale et politique, au Québec, est un petit jeu qui se joue à deux – et, dans son cadre, la dynamique classique du couple Jerry Lewis / Dean Martin marche à fond la caisse : la star incontestée – le nationalisme – a besoin, entre deux coups d’éclat, de refaire son maquillage et de changer de suit, il lui faut donc un faire-valoir, slow-mo et ennuyant, pour occuper le centre de la scène pendant qu’elle file en coulisses, un faire-valoir qui fait le ménage parmi les reliquats des numbers précédents qui encombrent le plateau, et fait un peu bailler l’assistance – les Libéraux.

Du fait des erreurs passées (12) – et jamais ni étudiées ni a fortiori critiquées, assumées, et… corrigées –, les Libéraux du Québec sont donc devenus depuis un bout de temps partie prenante intégrale à la mainmise nationaliste sur les esprits et sur la mémoire, au Québec.

C’est comme ça qu’après que la politique québécoise ait longtemps eu l’air d’un interminable match de tennis en simple, les partis promoteurs des thèses de Tardivel-Groulx se sont mis à se multiplier comme des lapins – ainsi qu’il fallait du reste s’y attendre –, et que, du tennis, nous sommes passé aux quatre-coins.

Nous nous retrouvons dans une société aux idées pognées en pain, et nulle part vers où se tourner, d’autre que…

Dans le premier coin, Yogi l’Ours dans le rôle du premier ministre, l’air de toujours être sur le point de se mettre à courir avec votre panier à pique-nique sous le bras pour aller le déposer dans son compte off-shore des Iles Caïman.

Dans le deuxième, un gars qui se prend pour le Cardinal de Richelieu, version cartoon.

Dans le troisième, un 7e vice-président de la Chambre de commerce qui passe son temps à lancer en l’air toutes les idées qui lui traversent la tête, ne se souvenant qu’à peine, et encore, aussitôt prononcées, de ses paroles d’il y a trente secondes – un gars que même ses confrères et consœurs des Chevaliers de Colomb n’arrivaient plus à supporter – on les comprend et on compatit… – et ont réussi à le convaincre d’aller un peu se voir ailleurs – en… politique, par exemple ?

Dans le quatrième, une coalition de jupes-à-frills/sandales-Sholl, parsemée de meneurs d’une révolte étudiante avortée faute de pensée, qui joue de la cuillère et du ruine-babines en tapant du pied.

(Pour mémoire : Yogi c’est bien entendu le Dr Couillard — le simili-Richelieu c’est, ça va de soi, le Lisée-véritable — le gars de la Chambre de Commerce est désormais Premier ministre du Québec, ils’appelle François Legault — et la coalition de jupes-à-frills, c’est Québec Solidaire. [note de septembre 2020])

Fin de la capsule

*

 

À présent, revenons.

J’étais en train de vous dire qu’au cours des derniers jours je me suis rendu compte que ça y est : mon attente commencée en 2000 au sujet des lignes de force politiques est terminée.

Ce qui m’a permis d’en prendre conscience s’est produit dimanche soir, alors que j’étais occupé à l’indexation des scans que je venais tout juste de faire du contenu de mon cartable numéro V.

Soudain, la pensée a été là – pétante de clarté – comme si elle m’avait attendu bien patiemment toutes ces années – frappante à m’en éblouir : le changement politique qu’à la fin des années 90 je prévoyais autant que je le redoutais EST en train de se produire.

D’où… fin de l’attente, et écriture du billet que vous êtes en train de lire tous les deux, chers lecteurs anonymes.

*

Raoul Roy

Au milieu des années 60, Raoul Roy (13), ardent indépendantiste s’il en fut, et que certains considèrent même comme le Père spirituel du FLQ, fait paraitre un essai remarquable à plusieurs titres, qui s’intitule Pour un drapeau indépendantiste.

Je me souviens qu’un copain (14) et moi avions été sidérés en le découvrant, parce que, dans ses pages, au sujet du drapeau du Québec – que quant à moi j’appelle depuis fort longtemps Le Torchon Bleu –, Roy formule très précisément la critique que nous en faisions déjà, qui se trouve à la source de ce changement d’appellation de ma part, et que j’ai maintes fois exprimée en public – ce qui me valut de me faire agonir d’injure par quantité de nationalistes qui ne connaissaient même pas l’existence de ce bijou que nous devons pourtant à l’un de leurs propres maîtres à penser.

C’est quand même fabuleux, admettez : se faire reprocher par des nationalistes de critiquer le drapeau dans les mêmes termes qu’un des nationalistes les plus féroces et les plus dévoués !

*

Essentiellement, ce que Roy expose, c’est ceci :

L’étendard qu’en janvier 1948 Maurice Duplessis a adopté au nom du Québec, et que le Québec a conservé depuis, est un pur frame-up. Un « faux du tout au tout » (15), qui n’a d’allure par aucun des bouts par lesquels on peut le prendre, concocté et promu à partir de la fin du 19e siècle par ce qu’il y avait d’à peu près le plus réactionnaire dans cette société qui pourtant l’était beaucoup – ce qui revient, dans le cas des promoteurs en question, à placer la barre à une hauteur phénoménale.

Le drapeau du Québec, écrit Roy, est un drapeau « pas montrable à l’étranger ». Il le qualifie de « fausse relique (…) transformée en bannière intégriste » (catho), de « truqué » et de « ridicule » – enfonçant l’ultime clou du cercueil en clamant qu’il n’est, en somme, que « Le drapeau du duplessisme », toutes choses avec lesquelles je suis entièrement d’accord.

Le fait qu’on lui ait depuis 48 conservé son statut malgré la publication du livre de Roy il y a plus de cinquante ans suffit d’ailleurs à mon sens à démontrer amplement que le pouvoir, ces hyper-réactionnaires qui l’avaient inventé ne l’ont jamais perdu. C’est sans doute pour ça qu’un des premiers gestes publics du PQ après son élection en 76 a été de ressortir la statue de Maurice Duplessis des entrepôts et de l’installer à une place d’honneur sur les parterres du Parlement.

Ce sont toutes ces raisons, que Roy étaye longuement et avec fougue, qui lui font écrire, en 65 !, qu’il en faut absolument un autre, de drapeau : un drapeau indépendantiste et anticolonialiste.

Lequel, comme vous le savez aussi bien que moi, n’a jamais vu le jour.

*

 

Si je suis totalement d’accord avec la critique du Torchon que formule Roy, je ne vais en revanche pas le moins du monde dans le même sens que lui au sujet de l’indépendance.

Ah bon ?

Et pourquoi donc, ne suis-je pas d’accord avec son projet ultime ?

Parce que Roy commet UNE erreur logique, rien qu’une – mais qu’elle est capitale.

Il néglige de prendre en compte le fait que ces hyper-réactionnaires qui ont réussi à faire avaler de force le Torchon à Duplessis d’abord puis à tout le Québec par son entremise, ne l’ont pas uniquement concocté, lui – ils ont aussi imaginé, à la même époque très précisément, une doctrine. Et, qu’au cœur de cette doctrine, il y a UNE chose et une seulement : le nationalisme intégral qui pompe tout l’air respirable du Québec depuis bientôt un siècle.

Autrement dit : je suis contre le nationalisme pour les mêmes raisons que j’haïs le drapeau – puisqu’ils sont tous les deux fils du même père, et avaient tous les deux, dès les origines, le même projet dans la vie.

Roy condamne UN volet de ce projet… alors que l’autre, lui, il est tout à fait prêt à le pousser jusqu’au bout… ce qui, bien entendu, sape les fondements même de sa critique du drapeau.

Si jamais le projet de Roy l’emporte, à travers lui ce seront les hyper-réactionnaires qui vaincront !

Encore un coup !

Comme ils l’ont si souvent fait dans l’histoire de cette triste contrée. Entre autres en faisant adopter leur bannière – et en lui conservant ensuite sa place contre vents et marées.

 

Mais ça¸ ce n’est encore que la moitié de ce qui m’est revenu en tête depuis hier avec une clarté et une force formidables.

Et, même, la moitié nettement la moins importante des deux.

Voici l’autre.

*

 

L’idée d’indépendance s’est mise à me hérisser de plus en plus à mesure que j’en étudiais les sources et les fondements parce qu’elle est irréconciliable avec le seul mythe possible selon moi pour un Québec qui aurait l’intention de vivre et de prendre sa place parmi les groupements humains.

Ce mythe, je ne vais pas le nommer ici, ni tenter d’en décrire les sources, je vais me contenter de l’évoquer par de rapides coups de crayon.

Qu’il me suffise pour le moment de dire de lui qu’il ne peut être que culturel. Je veux dire : qu’il ne peut être que celui d’une culture florissante. Une culture qui, dans cette société, occuperait toute la place ! Jusqu’à faire de cette société une société… œuvre d’art ! Un immense brassage d’idées de toutes sortes qui serait une déflagration : la rencontre et le colletaillage de mille et mille œuvres et de mille et mille paroles !

En d’autres termes, je rêve d’un Québec d’artistes, de penseurs et de scientifiques.

J’en rêve… au sens qu’évoque cette magnifique conférence, tenez, ce discours prophétique de Vaclav Havel…

Cliquez sur la photographie pour accéder au texte du discours (en anglais)

… dont, en juillet 94, j’ai découvert l’existence dans les pages du Time Magazine quelques jours à peine après qu’il l’ait prononcé, dont je ne me suis jamais défait et que je n’ai plus jamais oublié ensuite. Bien loin de là : aujourd’hui, je pense non seulement qu’Havel soulève dans ce texte une question du plus haut intérêt, mais qu’il pose peut-être même LA question de notre époque.

La question de la spiritualité laïque.

Newsweek, 18 juillet 1994

*

À mon sens, j’y reviendrai ailleurs plus en détails, la société québécoise actuelle, paralysée entre d’un bord son culte de la vacuité comique et de l’autre par son nationalisme hérité en droite ligne des curés hyper-réac de la fin du 19e siècle et du début du 20e, s’éloigne de jour en jour de la seule raison d’être qui pourrait légitimer sa survie.

C’est aussi simple que ça : si c’est pour ne produire et ne mettre au pinacle qu’encore plus de Richard Martineau et de Mathieu Bock-Côté, je ne vois là aucune raison pour laquelle le Québec devrait perdurer. Des agrès pareils, il y en a déjà bien assez sur la planète – épargnons donc à nos frères et sœurs de partout d’avoir à en supporter encore davantage.

Une société humaine de plus, dans le concert des sociétés, où domine le pétage de bretelles, à se raconter combien elle est cute et gentille, elle, et comme elle a des profondes et puissantes racines, elle… je m’en tape ! Ouvrez un journal, et vous allez voir que de ça, les Humains de notre époque en ont déjà bien plus qu’il ne leur en faut.

Une société qui se raconte dans une autre langue la même chose que ses voisines tout simplement parce qu’elle n’a pas le courage d’admettre que tant qu’à y être elle devrait carrément arrêter de niaiser avec le puck et se le raconter dans la même qu’elles… ce n’est pas non plus ce qui manque.

Et une société qui n’a rien de plus urgent à faire que d’entretenir les germes du fascisme… je suis prêt à supporter bien des choses, dans la vie, mais PAS ÇA !

Je ne peux peut-être rien y faire – ou pas grand chose – dans les contrées lointaines, mais ici, OUI ! Et le tenter est la seule explication à l’écriture du texte que vous êtes (tous les deux) en train de lire.

*

 

De deux choses l’une.

Ou bien, dans une société, la pensée, la conscience humaines ont une valeur.

Ou bien elles n’en ont pas.

 

Si elles en ont une, elle ne peut qu’être au cœur de l’activité sociale.

Et, si elle est au cœur, sa présence ne peut se manifester que par une place PRÉPONDÉRANTE accordée à la vie de l’esprit dans cette société.

Surtout dans une société petite à une époque d’immenses empires.

*

 

Voyez-vous…

Je rêve, eh OUI !, à un Québec d’artistes, de scientifiques et de philosophes.

Mur à mur !

Pétant des scores astronomiques aussi bien en termes de « formés sur le tas » qu’en termes de gradués dans les disciplines qui sont les-leurs.

Je rêve d’un Québec qui serait à la fois galerie d’art, salle de concert, laboratoire, amphithéâtre, salle de classe et livre ouvert, à la grandeur de son territoire !

Une toute petite société… dont les artistes, les penseurs et les chercheurs seraient connus sur toute la planète – et qui, tous ensemble, rêveraient le monde. Et mettraient l’épaule à la roue !

Ce qui implique, la chose va de soi… qu’ils croiraient en l’avenir !

Au lieu de ça, je vis dans une société qui ne parle que de la langue qu’elle parle – sans presque rien dire par son truchement.

Qui ne rêve à rien et qui pond continuellement des comiques de bas étage par couvées entières, à ne plus savoir qu’en faire.

Une société où les écrivains sont « des esties de fatiquants » et des « crisses de powètes », et où penser fait automatiquement de vous « un câlice d’intellectuel ».

Une société qui sacrifie ses auteurs, ses peintres, ses compositeurs, par générations entières.

Qui refuse TOTALEMENT que quoi que ce soit, quelque fruit que ce soit du labeur humain, puisse avoir quelque valeur autre que pécuniaire.

Au-dessus ou en-dessous de tout ça : rien d’autre qu’une sempiternelle danse folklorique baignant dans un parfum de soutanes moisies, sur ce que nous serons quand nous serons ceux que nous sommes au fin-fond de ce que nous sommes quand nous le sommes mais qu’on nous empêche d’être. Une litanie de simili-pensées qui bouffent l’énergie de la société entière (sauf dans les rangs de la bourgeoisie, qui, elle, couve son cash) depuis tout un siècle.

*

 

Au Québec, l’Église ultramontaine et ses sous-segments maurassiens n’ont pas disparu, en 1960… ils ont muté !

Et, sous leur nouvelle forme, ils se sont immédiatement remis à la tâche, c’est-à-dire qu’ils ont continué de farouchement promouvoir et incarner… LA Cause.

La Cause, aussi stérile, morbide et haïssable après 1960 et jusqu’en 2017 qu’elle l’était en 36 le soir de la manif Lorca, et, en 48, au moment de l’adoption de la Guenille à Fleurs blanches.

L’Église hyper-réactionnaire qui a accouché du drapeau bleu est, comme lui, toujours présente – toujours au pouvoir. En 1960, elle s’est simplement précipitée dans la première cabine téléphonique venue, telle Superman, pour s’arracher la soutane de su’ l’ dos et en ressortir un instant plus tard en complet trois pièces, sous les traits d’une ribambelle sans fin de hauts fonctionnaires, de ministres de tous poils, de chefs syndicaux, de journalistes, et de ce que vous voudrez… du moment que ça règne.

Régner, elle ne l’a pas cessé depuis – mais au Centre Paul-Sauvé au lieu des églises que les pauvres lui avaient payées.

« Allez hop, nous aut’, on s’ pousse ! »

L’Église qui a semblé être évincée à partir de 1960, elle s’en sacrait éperdument, de se passer de soutane, puisque de toute manière elle n’avait pas la foi ou alors à peine – la foi et la charité, pour elle, n’étaient essentiellement que des arguments de mise en marché – c’est Maurras qui leur avait soufflé le truc – son seul culte véritable, elle le réservait au pouvoir politique. Et au néant.

François Hertel, jésuite — cliquez pour l’entendre en entrevue et entendre son Chant de l’Exilé.

Non seulement cela ne la dérangeait pas une crisse de miette de changer de forme, mais, au surplus, elle savait parfaitement que de toute manière il allait bientôt le falloir : le concile Vatican II approchait à grands pas et elle était parfaitement consciente de ce qu’il en sortirait – le jour n’était plus loin où, une fois de plus (16), les fascistes en soutanes québécois et leurs petits amis du Devoir, de la SSJB et d’ailleurs se feraient ordonner par Rome de slaquer de trois coches sur les power trips. Alors plutôt que de se faire imposer ça… Hop j’y suis, hop j’y suis p’us ! – elle a tout simplement évité le coup qui allait s’abattre en changeant de nom. De Frères des Écoles chrétiennes, elle a muté en RIN, puis en PQ, puis en CAQ, puis en Québec Solidaire – sans compter de pleines fournées de journalistes de pacotille, de simili-historiens et de syndicalistes pourris.

Ne regardez pas l’habit : lisez les textes !

Le culte du drapeau bleu et les hauts cris à la défense d’une langue qui ne dit crissement rien mais qui le dit en français ont tout simplement pris la place des crucifix et des soutanes défendus par des curés qui se contre-tabarnaquaient de la religion… à moins qu’elle leur accorde le pouvoir.

La puissance des deux premiers est aujourd’hui aussi totale qu’autrefois celle de deux autres. Et pour les mêmes raisons.

Vous connaissez le nom de Groulx.

Vous connaissez celui d’Henri Bourassa.

Celui d’André Laurendeau.

Celui d’Édouard Montpetit.

Celui de Jean Drapeau.

Peut-être même celui de Tardivel.

Mais vous n’avez presque à coup sûr strictement aucune espèce de maudite idée de qui cette bande de zouaves-là a affronté autrefois sur sa route… et a irrémédiablement écrasé.

*

 

Vous voulez savoir pourquoi les signataires du Refus global ont dû sacrer leur camp du Québec ? Pourquoi le projet de Georges-Émile Lapalme, au cœur de ce que devait être la Révolution Tranquille avant qu’elle soit décapitée, s’est fait casser la gueule à coups de bat de baseball, et pourquoi jamais personne, depuis, n’a pu le reprendre ?

C’est tout simple : regardez le drapeau bleu qui orne toutes nos rues, nombre de balcons et chacune des lettres que vous adresse votre État ! Et… étudiez ses origines : ce sont elles, les réponses à vos questions.

*

 

Jules-Paul Tardivel, que Denis Monière soi-même (17) qualifie de « Père de la pensée séparatiste au Québec », était, entre moult autres traits caractéristiques extrêmement sympathiques, un farouche défenseur de l’Index – c’est-à-dire de la censure !

*

 

Tardivel, Jules-Paul (1851-1905)

Journaliste, romancier. Il fonde son hebdomadaire La Vérité, à Québec, en 1881. Jusqu’à sa mort, il se consacre entièrement à son journal, se concentrant sur les deux obsessions de sa vie : l’ultramontanisme et le nationalisme. ADVERSAIRE FÉROCE du libéralisme, du socialisme, DE LA DÉMOCRATIE et de la franc-maçonnerie, il fait sans relâche la promotion d’une société rurale, agricole et hiérarchisée, contrôlée par le clergé catholique.

Tardivel a été le premier Québécois à envisager la séparation du Québec d’avec le reste du Canada et à prôner la création d’une république canadienne française indépendante. (18)

*

 

Extrait du Hobbit (19) :

Au chapitre du nationalisme ultramontain, donc, le premier grand porte-parole, à la fin du XIXe siècle – qui est un laïc sans doute parce qu’on n’a pas encore eu le temps de former, dans le tout nouveau système d’éducation dont on vient de se greyer, un curé qui soit parfaitement à la mesure des desseins à accomplir –, s’appelle Jules-Paul Tardivel, celui-là même qui trouve qu’Honoré Mercier n’est pas digne d’être comparé à l’admirable tyran Garcia Moreno.

Il est tellement à droite, Tardivel, que, entre mille exemples tous plus réjouissants les uns que les autres, en 1902 son journal (20) se lance dans des attaques effrénées contre un professeur français invité par l’Université Laval. Sous quel prétexte ? Eh bien parce que ce jeune professeur, Louis Allard – pourtant envoyé ici sous la recommandation du critique Ferdinand Brunetière, dont le nom est loin d’être synonyme d’un laisser-passer pour l’Internationale anarchiste (21) –, ne sait pas ce qu’est l’Index et ne semble pas outré à l’idée qu’il n’existe pas en France une liste de livres interdits, comme celle que l’on a au Québec à sa disposition. Au surplus, Allard a l’audace de donner des conférences sur Lamartine, alors que trois des livres de ce poète sont justement interdits cheux nous. (22)

Ça vous place un gars, ça, vous ne trouvez pas : Tardivel pense que le fait de ne pas souhaiter l’Index vous situe trop à gauche pour que vous soyez un interlocuteur méritant quoi que ce soit d’autre que d’être passé à la mitraillette à baffes.

*

 

Dans le Québec prétendument moderne, aussitôt qu’on tente de soulever la question des liens extrêmement étroits (c’est bien le moins qu’on puisse dire) qui ont existé entre nationalisme, Torchon Bleu et radicalisme de droite, on se fait à tout coup immédiatement répondre « Tut, tut – de la droite il y en a eu partout – ça allait de soi » et autres idioties du même calibre.

Faux ! Tout le monde n’était pas à droite au Québec ! Si ça avait été le cas, Tardivel et Groulx n’auraient pas été obligés de passer leur temps à faire des procès en excommunication laïque à tout ce qui était à gauche de Gengis Khan. Or, des adversaires – et donc des pas-d’extrême-droite, Tardivel et Groulx, pour ne nommer qu’eux, mais on pourrait aussi se pencher longuement sur le dossier d’Henri Bourassa, entre cent autres exemples – ils en ont eu DES TAS.

Ce que ces inepties pseudo-historiques permettent de masquer, c’est entre autres ceci : à terme, leurs adversaires, Tardivel, Groulx et leurs descendants idéologiques les ont VAINCUS ! À plate-couture !

On ne veut pas même pas avoir à les nommer, alors… on passe carrément les combats d’autrefois sous silence en prétendant que « tout le monde était d’ même. »

*

 

Dites-moi…

Croyez-vous que si les nazis avaient gagné la Deuxième Guerre, vous auriez déjà entendu parler de… Anne Frank, mettons ?

Hmmm ?

 

LA SUITE EST PAR ICI…

 

(25 au 30 septembre 2017)

3 commentaires sur “Ce matin, je ne me suis pas réveillé… (1/4)

  1. Bien honnêtement, je suis soufflé…par ton souffle politique. Je lisais ce matin, en étalant MES confitures de framboises (dont tu viens de gagner un pot, ce qui n’est pas rien quand on les paie $50 les 12 casseaux!), l’excellent papier de Paul Krugman dans le New-York Times dont je te cite que la conclusion: The point is that while a Biden victory, if it happens, will save American democracy from immediate collapse, it won’t cure the sickness that afflicts our body politic. Et là je viens de terminer part one de ton effort de réflexion en me disant, faut qu’on partage une ou deux bières autour de certaines de ces idées. Par exemple, mon constat de faillite de notre Québec se résume bien dans notre échec en environnement. Ça peut paraitre limité comme terrain, mais crois-moi, après 45 ans au front, je ne peux que constater que le mépris du décor relève bien plus du mépris culturel que de l’assaut néo-libéral. Je suis tellement avec toi dans ton constat final, à savoir, nous sommes passés à coté de notre pays, au sens noble et non patriotard du terme. Je m’en tiens à ça ce matin, j’ai un escalier à réparer… En attendant je te garde un pot de framboises au congélateur. To be shared with only the best!
    François

    1. Wow, bon matin à toi ! Et grand merci pour ton commentaire !
      J’ADORE les confitures, alors gros merci pour elles aussi! 🙂
      Fais-moi signe, si tu veux bien — via FB, peut-être — mais dans 2-3 semaines peut-être (pour l’immédiat, la sortie de mes 2 romans va m’occuper pas mal) ? J’aimerais énormément t’entendre sur l’environnement.
      Pour ce qui est de ton commentaire, je fais quoi ? Je veux dire : je le laisse apparaitre au bas de la page du blogue, ou tu préfères que non ? (Ne serait-ce que pour t’éviter les lettres de bêtises qui risqueraient d’abonder si jamais il se fait de la pub autour de mon texte) ?
      Excellente, à mon sens, la citation de Krugman : dans le mille !
      Bon escalier — et à bientôt
      RD

  2. « … je ne peux que constater que le mépris du décor relève bien plus du mépris culturel que de l’assaut néo-libéral ». Ouf!

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