Lettre à l’équipe

 

Dimanche matin 15 septembre, très tôt

 

Bonjour, beau monde.

Ma décision est prise. Alors, inutile de vous faire languir davantage.

D’ailleurs, je compte envoyer et publier ma lettre officielle dès aujourd’hui plutôt que d’attendre jusqu’à demain lundi comme je pensais d’abord le faire.

Elle m’arrache le cœur, cette décision, mais aucune autre ne m’est envisageable.

Elle ne vous fera sans doute pas plaisir du tout à vous non plus, mais lisez cette lettre jusqu’au bout, je vous en prie, avant de vous décourager et de céder à la tentation de flusher ce message.

 

Ma décision

Je pars.

Il est hors de question pour moi de remettre les pieds dans cet immeuble – le cœur me lève rien que d’y songer.

Comme je vous l’ai déjà expliqué : le climat y est beaucoup trop malsain, je suis convaincu qu’y prolonger mon séjour après les événements de cet été puis ceux des 2 dernières semaines mettrait en péril ma santé mentale — sans que qui que ce soit y gagne rien.

 

De plus…

… suite à notre discussion de vendredi, j’ai dû me rendre à l’évidence : si d’une part il est impossible pour moi d’envisager de retourner travailler « là », tenter de ménager la chèvre et le chou en nous patentant des exemptions et des ententes pour parvenir à monter la pièce dans un cadre si peu que ce soit lié à l’Uqam serait de son côté épouvantablement difficile à négocier, pour au bout du compte la certitude d’être épuisés et écœurés mais de bien faibles chances de réussite.

Or, comme l’a si bien souligné Sam : ça fait beaucoup de « si » et vraiment beaucoup d’attentes.

Or je ne me sens pas la force de continuer de vivre des semaines de temps avec les idées épouvantablement désagréables que m’inspire la situation actuelle.

 

Toutefois…

Comme je tiens mordicus à travailler avec vous (avec ceux et celles qui auront encore envie de me voir la bine, en tout cas),

Et que j’ai épouvantablement envie que nous fassions Rita toutes/tous ensemble, parce que c’est pour vous que j’en ai terminé l’écriture,

J’ai tenté hier matin (samedi) d’esquisser un projet qui serait un peu moins complexe à mettre en route que celui, improvisé, que je vous ai lancé dans les oreilles vendredi après-midi, et qui aurait, je pense, un peu plus de chances de se rendre à bon port.

 

J’ai donc réfléchi à ceci…

J’y vais à très gros traits, puisqu’il est encore beaucoup trop tôt pour peaufiner.

En deux mots :

Je profite des mois qu’il vous reste à passer sur St-Denis pour tenter de trouver de mon côté un peu de sous pour que nous puissions répéter l’été prochain et créer la pièce dès l’automne – quitte à ce que ce soit encore un presque brouillon.

« Presque brouillon », qu’est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire que de toute manière il est sans doute déjà trop tard, en cette mi-septembre 2019, pour trouver pour l’automne 2020 une salle qui aurait de l’allure.

Donc ? Donc, on répète l’été prochain une espèce de super-lecture (une lecture très fignolée, très belle, très avancée dans le travail) mais qui, justement parce que c’est une lecture, ne demande pas une « vraie » salle de représentation. J’ai déjà quelques endroits possibles en tête.

Pour ce qui est des concepteurs/conceptrices qui embarqueraient :

J’ai dans la tête deux ou trois possibilités dont nous pourrions discuter, qui pourraient venir « nourrir » la lecture même si nous n’avons pas tout de suite les sous pour une production complète.

Des projections de story-board durant la lecture, par exemple. Ou des vidéos de montages graphiques de préparation.

Ce que ça impliquerait pour vous tous et vous toutes ?

De vous trouver un boulot à Montréal pour l’été – mais un boulot qui vous laisse du temps pour répéter.

Pourquoi fonctionner de cette façon ?

Parce qu’il ne me semble pas réaliste du tout d’envisager que je puisse d’ici avril trouver assez de cash pour que nous puissions payer 2-3 mois de salaire décent à presque 20 personnes, plus des frais de prod, même minimes.

 

Par ailleurs…

Tout en préparant – si ça vous tente d’embarquer dans cette galère – ce que je peux en vue d’un show-lecture à l’automne 2020, je cherche aussi ce qu’il faut pour que l’année suivante, à l’automne 2021, donc, nous puissions dans une salle plus grande faire le full-show – ou bien pour reprendre, si nous en sommes satisfaits, notre version-lecture.

 

En résumé…

Vous finissez votre année en paix.

Ceux-là / celles-là qui ont envie d’embarquer, je les attends à votre sortie de l’Uqam.

Et nous commençons à petites bouchées à monter Rita, mais pour de vrai, cette fois.

 

Ne répondez pas tout de suite. Rien ne presse.

Pensez-y.

Un an, à votre âge (dit pepère), c’est loin !

 

Nous pourrions nous revoir et faire le point une première fois… dans le Temps des Fêtes, peut-être ?

 

Du côté de ce qui ne me regarde plus…

Je crois que vous devriez commencer à réfléchir immédiatement, dès dimanche, à la suite des choses pour vous, à l’École.

C’est-à-dire : à ce que vous allez faire de votre automne, et des 4’sous.

 

Ce que vous suggère, c’est ceci – vous en ferez bien ce que vous voudrez, ce n’est absolument plus de mes oignons…

1- Vous vous mettez tous/toutes d’accord – rapidement – allez, allez, pas une seconde à perdre à couper les cheveux en 13, si vous voulez être prêts quand la (les) grève (s) finira (ront) ! – sur des propositions que vous ne présenterez surtout pas à la direction… mais que vous ferez défendre par un/une ou des profs qui prétendront que l’idée est d’eux ou d’elles.

Avec ce que je comprends maintenant de cette école, si les étudiants proposent quelque chose, ce sera presque automatiquement un NON retentissant dans le pire des cas, et rien qu’un le silence total puis la chute dans le vide, dans le meilleur. Alors demandez à des alliés (et donc pas à Christian – si vous voulez mon avis !) de les « laisser couler » à l’oreille de la Direction ou de l’Assemblée départementale, comme si elle était d’eux ou d’elles.

 

À quels sujets ?

 

UN : Quel show, avec qui à la mise en scène ?

Il reste amplement assez de temps pour que (si les grèves s’achèvent tout bientôt comme monsieur H en évoquait vendredi la possibilité) vous présentiez publiquement quelque chose avant Noel, dans le créneau 7 Doigts qui nous était réservé. Il reste assez de temps… si la direction se grouille le cul ! (Arrangez-vous pour le lui faire savoir… par la bande)

 

Vous ferez bien ce que vous voudrez… mais je vous suggère fortement Petre. C’est un homme que je crois honnête, vous le connaissez, il vous connait, il est talentueux et comme m-e-s et comme prof…et (avantage non-négligeable) il siège à l’Assemblée départementale, ce qui simplifierait (peut-être) les choses.

Sinon… Antoine ! Je ne crois pas qu’il ait quelque chose au programme cet automne et ça l’aiderait sans doute, lui.

 

DEUX : Les 4’sous

Antoine, encore un coup.

Ou alors… que l’école demande à Jean-Guy Viau, de Lionel-Groulx, de  vous dépanner. JGV, c’est le prof, là-bas, que je vous ai dit avoir consulté cet été.

Discutez-en – vite, encore un coup – avec l’autre moitié de la classe.

 

Pour clore ce chapitre

Tous mes vœux vous accompagnent, belle gang. Tous. Au complet.

Je vous souhaite à tout et toutes une belle, bonne et longue vie.

Et vous dit… à bientôt, je l’espère de toutes mes forces.

Si jamais je peux faire quoi que ce soit… ou même si jamais vous avez juste envie de jaser… n’hésitez pas à faire signe.

 

Voici mon adresse courriel personnelle :

rdanieldubois@videotron.ca

 

Bises

Toyo – promis !

 

RD

 

 

PS

Nous avions évoqué l’hypothèse de virer un party lundi soir. J’ose à peine le rappeler ici.

Mais s’il y en a parmi vous qui ont envie qu’on se voie demain soir avec la face dans d’ la broue… faites-moi signe.

Si c’est le cas… puis-je vous demander de contacter et d’inviter aussi « l’autre moitié de la classe » ?

Si vous n’avez pas envie qu’on se voie, je ne vous en voudrai pas.