Tentative…

… de synthèse des principales composantes de ma décision de quitter l’École supérieure de Théâtre.

 

 

17 septembre 2019

Entre dimanche matin, moment où j’ai publié ici ma lettre de démission de l’ÉST, et le moment où j’écris ceci, un peu plus de 48 heures plus tard, près de 4 000 personnes ont visité mon blogue-théâtre pour lire les différents textes que j’y ai déposés et qui abordent la question de la brusque flambée de colère que m’a fait quitter mon poste d’enseignant.

Très tôt dimanche, déjà, bien des gens ont aussi commencé à me contacter pour obtenir davantage de détails de toutes sortes. Sans même parler de l’état de fatigue dans lequel je me trouve, il m’aurait été physiquement impossible de répondre à toutes ces demandes.

Dès hier, j’avais donc entrepris de tenter une synthèse, la plus ramassée possible, dans laquelle j’exposerais de mon mieux la situation telle que je l’ai vécue.

Pour y parvenir, j’ai utilisé un truc d’auteur qui m’est familier depuis longtemps : imaginer que je racontais à un interlocuteur. Dans ce cas-ci, ce personnage imaginaire était une femme,

à qui je disais, donc…

 

16 septembre 2019

 

Je précise d’abord deux points :

Trente heures après l’envoi de ma lettre de démission…

  • Ma colère est complètement passée – mon geste de rupture avec l’institution était justement destiné à y mettre un terme, à la laisser s’évaporer avant qu’elle ne m’engloutisse. Il reste la tristesse, bien entendu, mais la colère, elle, est partie en fumée.
  • Je n’abandonne pas les étudiants. Nous ne ferons bien sûr pas le spectacle prévu cet automne, mais au moment même où j’envoyais ma lettre de démission, hier matin, je leur écrivais pour leur offrir, s’ils en ont envie, que je les attende à leur sortie, en avril, pour que, l’été prochain, nous reprenions le boulot et présentions une première esquisse à l’automne, dans un an. Après tout, puisque j’ai fini d’écrire cette pièce pour eux, je leur dois bien ça.

 

À présent, allons-y.

 


 

Je n’avais pas de contentieux avec l’École qui aurait été préalable à mon geste – aucun.

Je veux dire par là que je n’ai absolument pas sous le coude une liste de griefs que j’aurais engraissée depuis mon arrivée et qui tout à coup aurait débordé et entrainé ma décision. Ce n’est pas du tout ça qui s’est passé – c’est le contraire : le surgissement de ma colère a été soudain et massif.

 

Dès avant ma première journée d’enseignement à l’EST, l’an dernier, j’avais décidé de sourire « quoi qu’il arrive » – et c’est ce que j’ai fait toute ma première année.

Comme je le disais souvent aux étudiants qui, connaissant ma réputation de tête de cochon et de brasseur de cage, s’étonnaient de me voir accepter sans broncher certaines décisions ou réalités de l’École : « Je ne suis pas ici pour tasser le mont Everest de six pouces à gauche – et, croyez-moi, essayer de changer quoi que ce soit à l’Uqam c’est au moins aussi compliqué que ça. Je ne suis pas ici pour ça : je suis de passage pour quelques mois seulement, et c’est pour faire ce que j’aime dans la vie – enseigner et faire du théâtre –, pas pour chicaner. Allez, au boulot ! »

 

Il n’en reste pas moins qu’il existe bel et bien ce qu’on ne peut guère appeler autrement qu’un mépris de la part des profs et de la direction, et que leur aveuglement à certains sujets est lui aussi bien réel. Or, ces deux phénomènes ont des effets qui à terme risquent d’être extrêmement graves pour l’École – graves et dangereux.

Je n’ai pas compté les étudiants – présents ou passés –, ni les anciens (ou actuels) profs ou chargés de cours, qui depuis un an, mais surtout depuis la rentrée et la crise de cette année, sont venus me voir pour m’expliquer des situations inacceptables.[1] Or, de ces situations, m’ont-ils tous ou presque raconté aussi, il n’y avait aucun moyen de discuter sereinement avec mes collègues. Je l’ai tenté à mon tour pour en avoir le cœur net, et la chose s’est vérifiée : dans de fort nombreux cas, à la moindre tentative d’aborder le sujet d’éventuels problèmes sur lesquels il conviendrait de se pencher, les oreilles se bouchent instantanément. Personne n’écoute ! Tout le monde est convaincu d’avance d’avoir raison !

 

L’an dernier, en tant que nouveau venu, ce trait-là de la vie en commun m’a frappé presque dès le premier jour. Mais, comme je l’ai déjà dit, j’ai continué de sourire, et les choses se sont passées au mieux – pour moi.

 

Jusque… au 3 septembre de cette année, en tout cas.

 

Comme souvent, la crise provoquée par la grève des employés a « fait remonter la cochonnerie du fond du fleuve ». Et ce n’est vraiment pas beau. Des comportements qui en temps normal sont juste « un peu tannants » peuvent alors devenir carrément insupportables. Et c’est ce qui s’est passé : l’autoritarisme et la bonne conscience en acier trempé ont tout de suite pris toute la place – et en quelques jours à peine l’atmosphère était devenue irrespirable.

 

Mais j’ai tout fait pour continuer de sourire.

Pour y arriver, il y avait UNE condition essentielle à remplir : ne pas tenter d’obliger les étudiants à passer les lignes de piquetage, parce que certains d’entre eux s’y refuseraient très certainement, par solidarité – je n’allais quand même pas les battre ou les trainer par les cheveux ! Donc ? Donc si je rentrais, il était certain que quelques membres au moins de mon équipe resteraient dehors, et que cette équipe, déjà au travail depuis des semaines dès avant le rentrée, serait à toutes fins utiles réduite à l’impuissance, incapable de fonctionner. Après la grève, il me faudrait donc la reconstituer et la faire redémarrer, alors que du fait du temps de travail perdu par la grève, justement, ce temps, il nous ferait cruellement défaut.

En clair : si on m’obligeait à rentrer de force… avec déjà une, et plus vraisemblablement deux, voire trois semaines d’envolées, et un boulot à recommencer complètement… il était presque certain que le show allait – au moins sous certains aspects – se casser la gueule, et se la casser d’aplomb… et ça c’était avant même que les étudiants rejoignent les rangs des grévistes !

C’est là, que mon sourire a commencé à prendre le bord. Parce que ça, il n’était pas question que je le laisse passer : je ne suis pas à l’Uqam pour faire en sorte que de jeunes artistes dont je suis responsable se cassent la gueule dans leur premier show… dont ils se souviendront toute leur vie !

 

Alors… j’ai organisé des répétitions ailleurs que dans les locaux de l’uni. Et tout s’est magnifiquement passé. Jusqu’à ce qu’une représentante de la direction m’enjoigne de rentrer avec les étudiants. Deux fois la même journée : une fois lors d’un matinal appel téléphonique fort importun et tellement fébrile qu’il en était troublant, qui commença avec une affirmation de sa part voulant qu’elle sortait à peine d’une rencontre avec le directeur de l’École, puis, à la fin de la même journée, par l’entremise d’une directive envoyés à tous les vents.

Ça, me donner un ordre sur ce ton-là, c’était un très mauvais coup de sa part : donner des ordres à un dragon, surtout des ordres idiots et contreproductifs, n’est jamais une bonne idée. D’autant moins que, dans ce cas-ci, en plus d’être un très mauvais move à mon égard à moi, l’ordre en question a eu comme effet immédiat de justement, comme j’en avais prévu le risque depuis 10 jours, diviser mon équipe – ce qui était précisément ce que je me battais de toutes mes forces pour éviter et que j’avais réussi.

L’ordre de la directrice de production de l’École équivalait à une attaque directe lancée contre mon travail. Mais à l’évidence, elle s’en foutait éperdument : en dépit de mes tentatives pour la mettre doucement en garde, elle a foncé droit devant. Jusqu’à ce que mon sourire sacre le camp et que le dragon se mette à cracher le feu – il n’avait plus rien d’autre à faire.

Je ne permets à personne de piétiner mes plates-bandes, et encore bien moins de se payer des trips de pouvoir sur le dos de gens dont j’ai la responsabilité.

 

Ce qui est le plus fou dans cette histoire, c’est que ni l’École, ni la directrice de prod en question, ni personne ne gagnait rien, en aucune façon, à lancer un ordre aussi mal foutu ! Presque suicidaire, même !

Elle répétait à qui mieux mieux : « Nous ne sommes pas en grève ! Nous ne sommes pas en grève! » Je le savais parfaitement, saint sacrebleu, et les étudiants aussi : en quelques séances de travail à peine, nous étions parvenus à placer trois versions différentes d’un tango amoureux, à inventer un exercice pour lancer nos répétitions, à découper et répartir un poème dit par un chœur, et à débroussailler presque vingt pages de texte ! Qu’est-ce qu’elle s’imaginait nous apprendre en nous répétant sa chanson ?!

Nous étions au boulot à fond la caisse, et c’est elle qui nous a sacré dans les roues un bâton de baseball !

Au surplus, par son envoi, elle trouvait le moyen d’enrager net toute une flopée d’étudiants – il fallait lire, ce soir-là et le jour suivant, les réactions vitrioliques, à pleines pages sur FaceBook : il ne fait pas de doute qu’elle a réussi, par sa maladresse, à grandement « aider » à ce que les exemptions aux productions soient refusées lors de l’AG des étudiants qu’elle avait mis en colère !

 

Ces jours-là, les manœuvres des profs et de la direction ont été une catastrophe intégrale. Pour laquelle non seulement il n’y pas eu d’excuses de présentées, mais que certains d’entre eux au moins continuent même de défendre, comme quelqu’un défendrait encore les décisions du capitaine Smith, même plus d’un siècle après que le Titanic ait atteint au fond de l’océan.

 

*

 

Je reprends.

Je n’avais donc aucune espèce de running bill avec l’École avant la rentrée de cette année. Mais ça ne signifie bien sûr absolument pas que j’aurais eu les yeux fermés depuis plus d’un an.

J’avais déjà identifié, même si je m’abstenais d’en parler, UN gros problème qui se posait à l’École.

Celui-ci : nombre de décisions importantes sont prises « en haut », et en-haut seulement, au-dessus de l’Assemblée départementale, et les profs n’en sont avisés que lorsqu’il est trop tard, qu’on n’y peut plus rien.  Alors qu’en revanche (ce n’est pas vraiment un autre problème, plutôt la 2e face du même) dès que quelqu’un essaie d’élever une opposition, elle est bien trop souvent ou balayée du revers de la main ou tombe carrément dans le silence. Résultat : la seule voix qui compte réellement est celle d’en-haut.

 

Je l’avais déjà remarqué très clairement l’an dernier, lors d’une assemblée générale spéciale au sujet de la perte de la salle M-G-Lajoie.

J’avais pris la parole pour demander, en stratège qu’il m’arrive d’être, pourquoi nous faisions cavalier seul dans ce dossier : « Est-ce que nous ne devrions pas plutôt aller chercher des appuis afin d’exercer des pressions sur le doyen pour qu’il intervienne en notre faveur auprès de la rectrice ? » L’idée n’avait strictement rien d’original, c’est la base de toute stratégie digne de ce nom : aller se chercher des alliés, se préparer des options de réserve, des voies de sortie. Mais ma question a été littéralement balayée sous le tapis aussitôt que j’ai eu fini d’en prononcer les mots : « Non. Nous savons déjà très bien quoi faire, et ce n’est pas ça. ».

Et paf ! Même pas de discussion.

En entendant cette réponse, je crois bien que ma réaction a été la même que celle de bien des gens, dans cette École : « OK d’abord. Mais on ne m’y reprendra pas de sitôt, à gaspiller ma salive. »

 

Même chose en juillet dernier, suite à la rencontre avec la nouvelle doyenne, toujours au sujet du remplacement de M-G-L.

Un peu plus tôt ce mois-là, nous recevons tous un e-mail de la Direction nous apprenant que le contrat de location est maintenant signé avec les 7 doigts. Or le jour même de la rencontre, j’apprends, stupéfait, que non seulement ce n’est pas le cas, mais qu’aucun plan d’aménagement n’a même été esquissé, et qu’en plus la doyenne par intérim qui vient d’être nommée a des doutes sérieux quant au projet – elle n’est même pas au courant du dossier  – ce qui se comprend tout à fait, sauf que… il n’y a pas la moindre trace de personne de la direction de l’École autour de la table pour le lui expliquer ! C’est invraisemblable ! J’apprendrai le lendemain que le directeur a décidé, de son propre chef, le matin de la rencontre, de prendre off. Il aurait au moins pu prévenir ses troupes, sacrebleu – ça aurait été la moindre des choses ! Ça nous aurait évité, à Carole Marceau et à moi, de nous retrouver comme deux homards dans l’eau bouillante, coincés entre une phalange d’employés en furie et une doyenne nouvelle arrivée qui essaie de comprendre un dossier qui a commencé alors que je n’étais même pas encore arrivé à l’École !

Le lendemain de la rencontre, plutôt que de travailler à la pièce que j’ai à finir d’urgence si je veux qu’elle soit prête pour la rentrée, je décide d’écrire un texte qui la résume, la réunion, et que j’envoie à mes collègues. Il est intitulé, fort clairement il me semble : Demande d’assemblée départementale d’urgence – Objet : doyenne et aménagement aux 7 doigts de la main.

Dans ses pages, j’aborde bien entendu la question de la salle, mais je commence aussi à prévenir mes collègues de ce que le torchon brûle entre les employés de l’École et la Direction ! Je viens tout juste de l’apprendre, lors de la même réunion et à sa suite immédiate – personne ne m’en avait jamais soufflé un traitre mot auparavant ! Je ne peux bien entendu pas traiter du sujet en long et en large par écrit dans mon envoi, ce n’est pas la place, mais j’escompte bien le faire lors de l’AG spéciale que je demande. Réponse de directeur : « Non, pas d’assemblée. On s’occupe de la suite. Retournez à vos costumes de bain. » Point, à la ligne. Pas de discussion ! Et pas un seul prof, à ma connaissance, pas un !, ne s’objecte ! Fort bien, que je me fais… ben attendez donc que ça vous pète en pleine face, si vous y tenez tellement !

À l’Assemblée départementale suivante, en août : zif, on remet ça – la direction n’a même pas envie (sauf pour la forme) de leur adresser la parole, aux employés de soutien de l’École. On décide de plutôt faire appel à un conseiller extérieur qui le fera à notre place – nous, on n’a pas de temps à perdre avec ces affaires-là. Je suis estomaqué : j’aurais essayé d’imaginer une scène, dans une pièce, pour illustrer le mépris dont me parlaient les employés le jour de la réunion de juillet que je n’aurais jamais fait mieux.

Quelques jours plus tard c’est la rentrée des classes, la grève commence. Et zouf, les mêmes profs qui ont presque tous l’air d’avoir pris une mordée dans un citron si on a le malheur de prononcer le mot « employé » devant eux passent les lignes de piquetage comme le fantôme du père d’Hamlet passe à travers les murs.

 

Quelques jours passent… et la directrice de production de l’École ordonne à tout le monde d’immédiatement se mettre en rang et de rentrer bien sagement en passant entre les grévistes !

C’est le bouquet ! Je claque la porte.

 

Une seule prof réagit à ma lettre – membre de l’exécutif : elle m’écrit hier, quelques heures après mon envoi, pour m’attaquer personnellement, m’accuser de caresser je ne sais quels noirs desseins, mais pas un mot, pas un, qui réponde à mes critiques. « Le capitaine du Titanic, et lui seul, avait raison ! »

Ce qui achève de me prouver, si besoin était, que j’ai eu parfaitement raison de partir : ils ne comprennent pas, ne veulent pas comprendre, ça ne les intéresse même pas. Dans une atmosphère pareille, je ne me serais même pas rendu à l’Halloween avant de virer fou…

 

*

 

Autrement dit, l’arrogance et la surdité volontaire de la direction (et de plusieurs profs) ont déjà joué un rôle direct dans la détérioration de la situation actuelle.

Mais il y a encore beaucoup plus grave que ça.

Et c’est à ce point que je voulais en venir.

 

Il faut comprendre que la position de l’École supérieure au sein du monde des écoles de théâtre québécoises, est beaucoup plus fragile qu’il n’y parait de l’intérieur. Je vous fais grâce du décompte du nombre d’occasions où, depuis que je sais que je vais enseigner à l’EST, j’ai dû répondre à la question : « Mais veux-tu bien me dire ce que tu vas aller foutre ?! » « Là », sur le ton de « en Papouasie ! »

Ou le nombre de fois où j’ai dû – métaphoriquement – brasser des étudiants par les épaules et leur parler dans le blanc des yeux, parce que pour nombre d’entre eux, en Jeu surtout, s’ils sont à l’Uqam ça signifie qu’ils sont des pas bons.

Ce qui est faux !

Je leur ai chaque fois affirmé, et j’en crois chaque syllabe, que leur talent se compare sans hésitation à celui des étudiants de l’École nationale, par exemple.

 

Ce qu’en revanche j’ai chaque fois évité de souligner, c’est que si beaucoup de profs de l’EST sont excellents, et que si les étudiants n’ont pas à rougir de qui ils sont ni de leurs capacités, l’atmosphère qui y règne, elle, constitue un handicap sérieux.

Il y a des points de force remarquables sur lesquels l’École pourrait miser pour se tailler une place que personne ne pourrait lui ravir, mais elle néglige de le faire – parce qu’elle est figée comme la Belle au bois dormant – et qu’il n’y a pas moyen de lui parler, elle n’entend rien, ne veut rien entendre.

 

Ma crainte pour l’École, c’est que l’état d’esprit qui y domine la rende totalement incapable de se défendre efficacement si jamais elle allait subir un choc important – elle est beaucoup trop rigide.

En ce sens, ma démission, en plus d’être une nécessité pour ma santé mentale, était un service que je tentais de lui rendre, en lui disant :

« Faisons un test !  Voyons si tu es capable de résister à la tentation de me faire une réponse d’ado en overdose de sucre, dans le genre : « Espèce de chien sale ! C’est nous autres qui avons raison et toi tu es notre ennemi, un vendu, un anthropophage hideux qui abandonne nos pauvres étudiants chéris ! »… alors que nombre des pauvres étudiants chéris en question ne rêvent qu’à sacrer leur camp de l’École à cause de l’atmosphère qui y règne, et que les profs ne s’en rendent même pas compte pour l’excellente raison que les étudiants non plus, pas plus que les employés, ne les intéressent. Et alors que je viens de finir de leur écrire une pièce, à ces étudiants que soi-disant j’abandonne – gratuitement, pour le pur plaisir, pour le pur bonheur de créer – ce que je n’avais pas fait depuis des lustres – et que le seul remerciement que je reçois en échange c’est de me faire ordonner de me mettre en rang comme un écolier du primaire, de passer les lignes de piquetage, et de me faire publiquement chicaner par la maitresse devant tout le monde parce que selon elle j’ai mis mon doigt dans mon nez… à 64 ans.

Ma démission, c’était, donc, aussi un test : « Êtes-vous capables ?! » Et, si j’en crois les premiers signes, la seule réponse envisageable est non.

De quoi j’ose déduire que si jamais une autre crise surgit, bien plus grave que le départ soudain d’un prof de toute manière temporaire… le bateau va sacrer le camp vers le fond, et que tout ce que les poissons vont entendre passer c’est du monde qui vont psalmodier en coulant : « C’est pas de notre faute ! C’est nous autres qui avait raison ! »

 

*

 

En synthèse :

 

La cause la plus immédiate de mon départ soudain et fracassant est mon allergie à l’autoritarisme.

Mais il y en a une autre – bien moins grave pour moi personnellement mais nettement plus menaçante pour l’Institution : l’illusion qu’y entretiennent bien des gens d’être en contrôle. Alors que ce n’est absolument pas le cas.

Le jour où ces gens-là vont s’en rendre compte, mais trop tard, le choc de la réalité risque de faire infiniment plus mal que mes coups de gueule ne le pourront jamais.

 

 

[1] La publication sur mon blogue-théâtre de ma lettre démission a entraîné une pluie de commentaires du genre : « Enfin, quelqu’un parle ! Merci, monsieur Dubois ! »

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