Les 65 ans de “Bobino”

Notes pour une chronique
Diffusée le 21 mai 2022
À l’émission Culture Club, Première chaîne de la SRC,
animée par René Homier-Roy

 

 

Le 65e anniversaire de Bobino

 

Dans 2 jours,

Il y aura 65 ans (23 mai 57) qu’a été diffusé à Radio-Can

Le tout premier épisode d’une émission pour les jeunes

Qui allait rester à l’antenne pendant la bagatelle de… 28 saisons !

Soit, jusqu’au 14 juin 1985.

 

Du 23 mai 1957 au 14 juin 1985, donc.

Il en aura eu alors 5000 épisodes (dont 1600 en n/b)

5000 !

 

Il s’agit de Bobino, bien entendu.

*

 

5000 épisodes d’une demi-heure chacun, ça fait 4500 heures.

Pour vous donner une idée de ce que ça représente comme masse de travail :

4500 heures à l’antenne c’est comme diffuser sans arrêt, 40 heures par semaine, 52 semaines par année, pendant… plus de deux ans.

 

Au moment des débuts, l’animateur-acteur, Bobino lui-même, Guy Sanche, avait 22 ans.

Et il en avait 50 à la dernière émission.

*

 

Cette émission était un véritable coup de génie.

Parce qu’il y avait Bobino, bien entendu, sage, intelligent, gentil, compréhensif, patient – et qui aurait sans doute finit par être un tout petit peu ennuyant à la longue s’il avait été tout seul

Sauf qu’il y avait aussi – certains diraient même qu’il y avait surtout… – Bobinette !

Bobinette, c’était la petite sœur – pas tenable – de Bobino.

Et elle était représentée par une marionnette à gaine.

Deux actrices formidables se sont succédé pour défendre le rôle :

Paule Bayard – de 1960 à 1973

Puis Christine Lamer – qui prend le relais au pied levé quand Paule Bayard tombe malade en 1973 – elle va formidablement incarner Bobinette pendant 12 ans, jusqu’à la fin, en 85.

 

Une courte entrevue avec Christine Lamer

 

*

 

En janvier dernier, je vous ai parlé de l’anniversaire de La Boite à Surprises qui, à la même époque, a elle aussi été une émission marquante pour des millions de jeunes,

Et j’ai insisté sur le formidable encouragement à l’imaginaire que La Boite nous offrait.

Et sur le fait que c’était une émission éclatée, en fait, en plusieurs segments : Pirate Maboul, Fanfreluche, et ainsi de suite

 

Avec Bobino, nous sommes complètement ailleurs.

Il y a des parenthèses, bien sûr, comme des projections de dessins animés, mais pour l’essentiel chacun des épisodes est d’un bloc.

Il y a UNE action par épisode, qui va du début à la fin.

 

Et c’est là, que prend racine le génie de l’émission Bobino,

Dans l’extraordinaire vivacité qui règne entre le frère et la sœur.

Elle tannante comme pas deux.

Lui qui essaie de la ramener à la raison mais sans jamais être rabat-joie,

Et qui prend bien le temps de lui – et de nous – expliquer les choses sans jamais se prendre pour le nombril du monde.

 

En fait Bobino, avec son chapeau melon, sa canne et son veston rapiécé aux coudes est, il me semble, plus un tout jeune oncle qu’un grand frère… mais ça ne change rien à l’essentiel.

Bobinette, elle, avec ses deux couettes, est folle comme un balai – une inépuisable source de mauvais coups. Dont les plus redoutables sont sans conteste ceux mettant en vedette ses célébrissimes pétards à la farine !

Bobinette, soyons clairs, c’est ni plus ni moins qu’un démon – un très gentil démon, adorable, comique, mais un démon quand même.

 

Bien après mon époque, elle aura un petit ami, marionnette lui aussi, Giovanni, interprété d’abord par Christine Lamer – qui ne devait pas chômer, dites donc ![1] – puis par Gaétan Gladu.

*

 

Le Boite à Surprises c’était l’imaginaire, donc.

Et Bobino, c’était… la vie de tous les jours. Avec les amis, les frères / les sœurs.

Bobino c’était : apprendre à se parler les uns les autres.

 

Et, plus que tout, Bobino c’était… avoir du plaisir !

C’est sans doute là LE mot-clé, pour parler de Bobino : PLAISIR !

 

Ne me demandez pas comment cette équipe-là – Paule Bayard / Christine Lamer, Guy Sanche, et l’auteur, bien entendu Michel Cailloux – a fait pour susciter à la file 4500 heures de pur plaisir… mais ils l’ont fait !

*

 

Que vous dire d’autre ?

Qu’il y avait d’autres personnages, aussi, présents mais invisible : Camério c’était le caméra / Tapageur – pouet pouet – c’était le bruiteur / Gustave c’était un peu le secrétaire de Bobino / et Télécino nous faisait voir les dessins animés.

 

Et puis que Michel le Magicien – personnage de La Boite à Surprises, venait parfois faire son tour. D’autres, aussi. Je me souviens avoir eu la surprise de voir soudain retontir le Pirate Maboul. Ou Piccolo,

*

 

Pour moi, les émissions pour enfants de la SRC ont été le vestibule de l’entrée dans la vie :

La Boite à Surprise pour l’imaginaire

Bobino, pour la vie sociale.

*

 

J’ai conservé sur mon ordi le message téléphonique qu’une amie très très chère avait laissé sur mon répondeur en 1985. Elle était dans un état de colère… dont je ne peux malheureusement pas vous tracer un portrait fidèle sans choquer les auditeurs, mais en tout cas, elle… fulminait !

Pourquoi ?

Parce que la direction de Radio-Canada venait d’annoncer qu’elle retirait Bobino de l’antenne.

 

Une émission pour enfants dont même vingt ans plus tard, à 30 ans, on se sent encore solidaire… c’était ça, Bobino.

 

 

Vous trouverez la chronique en cliquant sur ce lien – le segment commence à 15h36 :
Rattrapage du 21 mai 2022 : Rufus Wainwright, Dominique Fortier et Luc Dionne (radio-canada.ca)

 

 

[1] Correction : Christine Lamer m’a contacté suite à la chronique, et m’a précisé qu’elle n’a jamais interprétée Giovanni. J’ai aussitôt publié un correctif sur Facebook et apporté le changement nécessaire dans l’article de Wikipédia où j’avais trouvé l’information fautive.

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Un commentaire sur “Les 65 ans de “Bobino”

  1. Un personnage théâtral “Célino” s’est inspiré de Bobinette lors d’une tournée dans les bibliothèques publiques du Bas-Saint-Laurent. J’y ai emprunté l’audace de l’enfance enjouée.

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