Un matin… (4/X)

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Son talent persuasif de vendeur émérite fonctionnait d’autant mieux qu’il était inconscient : Jean-Sébastien ne cherchait aucunement à séduire les clients potentiels qui se présentaient à lui. Tout au contraire, il se contentait de leur proposer ce qu’il comprenait d’instinct être leur vœu afin de pouvoir au plus vite se débarrasser d’eux et passer aux suivants.

Il allait d’ailleurs, à terme, devoir apprendre à mettre le holà à son habilité mercantile – elle risquait de tout gâcher.

Pensez donc : le mois de juillet n’était pas entamé pour la peine que son patron lui offrait déjà d’un ton pressant de continuer à travailler à temps partiel après la rentrée – ce que Djihesse accepta sans réfléchir tant la décision allait de soi.

Trois semaines plus tard, dès le début d’août, l’offre initiale lui ayant donné à réfléchir, Jean-Sébastien retournait voir monsieur Morin et lui offrait de même conserver son emploi à temps plein, prétextant d’un désir « persistant » – mais en fait inventé de toute pièce la veille au soir – de prendre une année de pause dans ses études, le temps de réfléchir à ce qu’il comptait faire de sa vie.

D’affabulatoires projets d’avenir n’avaient bien entendu strictement rien eu à voir dans le portrait. L’enjeu, ce n’étaient pas les années à venir mais les nuits actuelles. Un boulot de vendeur signifiait : pas de travaux à faire à la maison et temps de transport réduit. Ce travail d’été libérait donc son emploi du temps d’une manière inconnue jusqu’à présent dans sa vie. En ce milieu d’été, il avait réussi à gagner près de 3 heures de sommeil par nuit. Les choses iraient encore mieux quand, tout bientôt, il se serait rendu compte qu’il pouvait parfaitement se lever trois quarts d’heure plus tard encore – il n’avait besoin que d’une douche et d’un bol de céréales avant de courir vers le magasin. Son emploi n’exigeait absolument pas que l’on soit complètement éveillé pour l’accomplir.

Une mise au point encore à effectuer et son modus operandi aurait atteint un tel point de maturité et d’efficacité qu’il resterait ensuite – pour l’essentiel – inchangé durant un demi-siècle. Cette mise au point, c’était celle de la fougue : il devait, donc, eh oui, se calmer les ardeurs commerciales. S’il continuait à être aussi brillant vendeur, il serait gérant avant la Noël de sa première année – et de ça, il n’était pas question ! Dans le monde des jours, il entendait bien rester exactement à l’endroit qu’il venait de découvrir et qui lui convenait à merveille.

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