Kean – 2 extraits

 

 

Voici donc deux passages du spectacle.

Soyez prévenus : ils sont tirés d’une captation-témoin de qualité fort médiocre.

Ils suffiront toutefois, je l’espère, à vous donner une petite idée de là où allaient mener mes réflexions.

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La pièce de Sartre-Dumas compte 5 actes.  (Vous pouvez en lire ici un bref synopsis.)

J’avais décidé de les monter « en progression à travers les âges », c’est-à-dire comme se passant à des époques différentes allant du début du 19e siècle (celle du Kean historique) à la nôtre.

C’étaient les costumes, bien entendu, mais aussi la scéno qui les indiquaient. De plus, une peinture ou une photo, à l’arrière-plan, évoquait un événement politico-historique essentiel de l’époque, tandis qu’une sculpture incarnait l’un de ses grands courants esthétiques (présente en scène dès le début de la représentation, la sculpture n’était dévoilée que lors de son entrée en action).

L’Acte I avait lieu au début de l’ère moderne. La toile montrait les ruines de l’Acropole (rappelant l’importance capitale de la guerre de libération grecque dans l’imaginaire romantique) et la sculpture était un kouros (sculpture d’éphèbe grecque archaïque).

Le II, quant à lui, se passait durant la Première guerre mondiale, son image-associée était la photographie d’une ville bombardée, et sa sculpture La Muse endormie de Brancusi.

Le III se passait en Russie durant la Deuxième guerre, la photographie montrait un épisode de la Grande guerre patriotique battant son plein.

Le IV, durant la Guerre du Vietnam – avec à l’arrière-plan la célébrissime photo de Nick Ut : la petite Kim Phuc fuyant un bombardement au napalm  (par erreur) de l’aviation sud-vietnamienne sur les citoyens de son propre pays.

Le V, enfin, se déroulait dans la fumée et des débris qui voltigeaient : c’était notre époque à nous, celle d’après le 11 septembre. Là, seul Kean lui-même était présent en scène, les autres personnages n’étant plus que des voix désincarnées qui lançaient des bribes de dialogues charcutés jusqu’à la moelle – ne restait d’eux que ce qu’il fallait pour comprendre le déroulement hyper-prévisible des scènes finales.

La pièce s’interrompait abruptement – et Kean concluait avec un très court extrait du Moïse de Vigny qu’il avait cité avant le lever du rideau. (Vous pouvez lire ici le texte du Prologue.)

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Premier extrait : fin de l’Acte II, début du III.

Quelques minutes avant d’entrer en scène pour jouer Roméo, Kean, en furie et au désespoir — la noble comtesse Eléna se joue de lui –, doit en plus supporter l’arrivée d’Anna Dambi, fille de bourgeois qui aspire à faire du théâtre et qui se pointe dans sa loge sans avoir été annoncée.

Avec Kean (Jean Asselin), Anna (Jacinthe Lagüe) et Salomon, l’assistant de Kean (Jean Marchand).

Nous enchaînons directement avec l’amorce du III : dans le noir, des Masques de mort (Frédéric Blanchette, Luc Chapdelaine, Geoffrey Gaquère, Jean-Sébastien Lavoie, Pascale Montreuil, Marc St-Martin — et peut-être Marc Beaupré (je ne suis plus certain s’il était du nombre, dans cette scène))  dansent une cavalcade cosaque – la lumière revient : nous sommes à l’auberge. Kean arrive, bien décidé à se « paqu’ter la bine ».

Le patron de l’auberge : Jean-Louis Roux.

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Deuxième extrait : conclusion du V.

Kean envoie paître et Anna et la comtesse qui lui rappelle sans cesse qu’il « n’est pas de la gang » des nobles. Son ami le Prince de Galles survient et lui annonce qu’il est banni. Kean décide de s’embarquer pour l’Amérique du Nord.

Avec Kean (Jean Asselin), Anna (Jacinthe Lagüe), la comtesse (Dominique Leduc), Salomon (Jean Marchand), et le Prince de Galles (Luc Chapdelaine).

(02 septembre 2018)